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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/78

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du chapeau cachait presque son regard, mais des passants se retournaient machinalement vers lui quand ils l’avaient croisé, comme si une lumière avait frappé leur rétine.

Il remonta la grande rue du faubourg jusqu’au quai, et comme il débouchait là, devant le fleuve, une Oldsburg grise, teintée par le soleil couchant, s’éploya devant lui, offrant aux brumes du soir les découpures fines de ses silhouettes : le clocher pointu de Sainte-Gelburge, les tours gothiques de Saint-Wenceslas, la flèche en fonte noire de la cathédrale, si longue, que là-haut elle n’était plus guère qu’une ligne effilée dans le ciel décoloré du soir.

Vis-à-vis, c’était, au premier plan, sur le quai, comme un rideau tendu, la façade des maisons, suivant dans sa courbe la boucle que le fleuve dessinait ; puis derrière, s’élevait en moutonnant jusqu’à l’amphithéâtre des collines, au fond, la mer des toits. Çà et là, des rues en pente douce trouaient la ville ; il y coulait, avec le fracas des voitures, le grouillement des piétons, le flot de la vie urbaine. Des lumières naissaient une à une, allumées aux vitres des façades, accusant le mystère des maisons, des maisons closes par milliers sur tant d’êtres, sur tant d’âmes, tant de passions !