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Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/56

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— Oh ! fit la féministe, son histoire, vous ne la voyez que trop inscrite dans la mine de cette pauvre enfant. J’ai été la confidente de sa douleur ; elle a dépassé tout ce que j’aurais pu imaginer chez la plus sensible et la plus instinctive des femmes. Ce lâche abandon a fait en un instant de notre fière savante une créature désemparée. J’ai assisté à ce naufrage moral ; ce fut affreux. Vous dites qu’elle n’était pas capable d’aimer. Ah ! si vous l’aviez vue souffrir, sans une plainte, sans une larme, comme une statue ! C’est à son travail qu’elle s’est agrippée pour ne pas sombrer tout à fait.

— Peut-être, avançai-je, y rencontrera-t-elle de nouveau quelque compagnon qui la consolera et bénéficiera cette fois de la dure leçon…

— La leçon ?… Pensez-vous donc que Sidonie regrette ce qu’elle a fait ? Elle m’a dit : « Mieux que jamais aujourd’hui, je mesure dans mon âme la place de cet amour et je m’applaudis. Véritablement, je n’aurais plus été moi-même. » Oui, voilà ce qu’elle m’a dit. Mais soyez tranquille. On n’aime pas deux fois ainsi. C’est