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Page:Yver - Etienne.djvu/15

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ÉTIENNE

I.

Il n’y avait pas d’horloge chez nous ; mais, je ne sais comment, j’avais appris à me faire du temps une exacte idée, et ce soir-là je m’aperçus bien que mon père était en retard.

Il était parti le matin, comme tous les matins, le filet au dos, pour s’embarquer dans le canot de pêche le Boyard, dont le patron, Pierre Chasseroye, le louait 2 fr. par jour. La mer n’était pas méchante, je ne craignais pas d’accident ; mais ce retard me mettait dans le cœur quelque chose de vague, un tourment naissant qui ne me laissait m’attacher à rien. Je voulus apprendre les leçons que le maître d’école m’avait données pour le lendemain ; mais, tout en prononçant à voix basse les mots lus dans mon livre, je suivais du