Page:Yver - La Bergerie.djvu/255

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des ardeurs indicibles d’action, de rénovations.

« Quand même je devrais herser et labourer moi-même, disait le jeune homme, quand même je devrais mourir à la peine, tout cela revivra ! »

Parfois, Frédéric ressaisissait en vision l’image de Lydie Beaudry-Rogeas, assise au piano, très pâle dans sa robe rouge, l’appelant de ses longues lèvres voluptueuses : « Mon pauvre Freddy ! » Mais c’était lointain, fugitif, et sans force pour rien rallumer en lui de ce qui s’y était passé alors. La lettre amère qu’il reçut de son patron, en réponse au définitif congé qu’il lui avait demandé, ne le toucha même qu’à peine. Il se sentait si loin de Paris, si loin de Beaudry-Rogeas, si loin de sa vie passée, qu’un grand mur où venaient s’éteindre tous les bruits troublants, tous les attraits qui inquiètent, semblait s’être élevé autour de lui pour jamais. Il fit lire cette lettre à Camille comme gage de son détachement total.

C’était un matin de septembre noyé de brumes ; ils côtoyaient ensemble la lisière du parc, coupé d’un fossé où roulaient des faînes. Jamais elle n’avait été si attendrie, si vibrante, sa petite fiancée. Elle lui serra les doigts dans sa main robuste et disait :

« Mon ami chéri, quand je pense à tout ce qui doit vous manquer ici, à ce qui doit vous manquer en moi-même ! Je suis si différente