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PREMIÈRE PARTIE

Nous sommes nés, ma sœur et moi, dans une chambre rose, toute tendue d’étoffes roses qui faisaient des ombres bleues le long de leurs plis. La boiserie était rose. J’ai toujours vu des rideaux de tulle rose au vitrage. Au lit de mes parents, les couvertures moelleuses se rayaient de rose et une grande draperie rose le recouvrait. Les lampes se voilaient de rose. À terre, un très vieux tapis de Beauvais montrait un fond rose pâle. Le soleil en pénétrant dans cette chambre avait toujours un air d’aurore, bien qu’on fût au midi, car la couleur flottante décantait la force de sa lumière. Mais au contraire elle échauffait les rayons de la lune qui n’y ont jamais été blafards, ni sinistres mais rappelaient plutôt les subtiles apothéoses de la nacre.

Tout cela précédait un peu le style 1925. On a créé depuis des intérieurs aux lignes pures, aux couleurs plus froides, des meubles d’une massivité plus imposante, avec beaucoup d’air circulant entre