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IX

À quelle époque entreras-tu chez les Dominicains ? »

Ce fut la douce mère de Pierre Arbrissel, si effacée qu’elle en paraissait d’une existence toute réduite, qui osa cette question brutale dont croulèrent des chambres de silence accumulées dans ce petit hôtel de l’avenue de Madrid. Jamais le fils n’avait laissé échapper, filtrer le moindre rayon de cette lumière qu’est une ardente vocation religieuse. Jamais son père célèbre ne s’était mis dans l’esprit que ce jeune homme, qu’il s’obstinait à voir enfant, pût subir sous ses yeux, et sans qu’il le décelât, cette grande tempête intérieure de l’Amour divin et l’irrésistible commandement du Christ de tout quitter. Mais Mme Arbrissel, la discrète Celtique à la vie intérieure totalement inconnaissable, possédait une sensibilité qui lui rendait tactiles les éléments les plus mystérieux chez son enfant. Tout simplement, sans application, ni déductions, ni calcul, elle voyait en lui, lisait dans ses yeux clairs pareils aux siens. Et c’est tout naturellement