Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de vie décuplée connaît le Prêcheur qui vous sent frémir en lui, vous, Ô Christ, Verbe suprême, et, par la Parole, vous distribue à ses pauvres frères altérés de divinité ! Quelle réplique à l’Eucharistie que le ministère de la Parole qui est le sacrement de l’Esprit ! Mon Dieu ! mon Dieu ! pardonnez à cet homme trop chéri dont je fus le prisonnier. Je n’ai pu supporter sa douleur. Mais avec votre grâce, je supporterai la mienne… »

Là-dessus le soldat de première classe Arbrissel recevait d’Hyacinthe Arbrissel, de l’Institut, des lettres semblables toutes à celle-ci :

« Mon enfant bien-aimé, depuis cinq longues semaines lu n’as pas eu de permission et ion père n’est plus qu’un vieil arbre desséché dont les branches se tordent sous la tempête de la douleur. En vérité, je n’existe plus, toi disparu. Tu es ma vie. Tu es la lumière de mon œil. C’est par toi que j’existe. Ah ! dis-moi que ton service militaire accompli tu ne me quitteras plus. Le cauchemar de cette année d’absence n’aura que trop duré. Encore quelques semaines de cet arrachement et je l’aurai retrouvé, je le sais bien ; mais plus le terme de la séparation approche, plus je le vois moi, s’éloigner.

« Je me demande quel sera le poids de la dernière minute ! »