Page:Yver - Le Fils d Ugolin.djvu/242

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représenter le Seigneur Jésus, et d’un canif la mit en morceaux. Après quoi il brûla ces morceaux dans la cheminée et son après-midi y fut dépensée entièrement.

Des années ont passé depuis lors. Pierre Arbrissel expose tous les ans aux Salons officiels ses petites natures mortes, très sages, très discrètes que les critiques ne manquent jamais de signaler avec une aimable sympathie.

Lui est devenu un charmant vieil homme, toujours mélancolique, dont les êtres sensibles raffolent et dont les critiques répètent : « Mais pourquoi Monsieur Arbrissel Pierre ne nous donne-t-il jamais de « vivantes natures » ?

Dans le grand pavillon de Neuilly, où le ménage de Pierre s’est installé après la mort de Mme Arbrissel, l’atelier d’Hyacinthe est demeuré un musée où le peintre des Géants continue en quelque sorte de vivre. Un être en veilleuse, à côté, monte une perpétuelle garde funèbre : celui dont cet Ugolin géant que fut le grand Arbrissel a mangé jusqu’au cœur.