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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/103

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et nous. » Cependant, c’était votre grand admirateur et je le suppliais. Je ne suis pas une enfant gâtée. Mon père n’écoute pas tous mes caprices. Seulement, lorsqu’il a de grandes choses à me refuser, il m’en concède de moins graves : un jour, c’était le cas. Nous sommes allés vous entendre au cours de chimie, oui, le roi et moi, incognito, nous étions à l’amphithéâtre, le soir de la leçon sur le thermium, et vous ne nous avez pas reconnus. Mais c’était si beau, vous avez été si naturelle, si émouvante, que le roi, lui aussi, s’est mis à partager ma sympathie. À vous voir, il semblait que la sérénité de la science vous baignât tout entière, qu’il n’y eût pas de place en vous pour la haine, et il vous a appelée. Un instinct secret m’avertissait que vous viendriez. En effet, vous êtes venue, mais de grâce ne voyez en moi qu’une élève docile, dévouée, admirative. Moi, je ne hais personne, oh ! personne.

Clara frémit et répondit, plus touchée qu’elle n’eût voulu l’avouer :

— Je suis ici une simple femme de science. La science est le terrain sacré où tous peuvent s’entendre.

— Donnez-moi votre main, dit Wanda.

Clara tendit sa main gantée qui fut pressée longuement, silencieusement, et elle entendit. l’ardente adolescente murmurer :

— Moi aussi j’aime mon peuple, mademoiselle Hersberg.