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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/15

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groupes d’étudiants. Elle avait gardé le poétique aspect d’un autre âge à cause de l’impossibilité où l’on avait été de l’élargir sous peine d’endommager soit les murailles dentelées du féerique palais, soit la façade vénérable et magnifique des bâtiments de l’Université. Elle demeurait vétuste, étroite et mystérieuse. Les étudiants se recueillaient en y cheminant.

Cependant, ce soir-là, le murmure de leurs voix, leur nombre inaccoutumé, que venait grossir un fort appoint de bourgeois et de dames d’Oldsburg, leur hâte à gagner le portique et une visible surexcitation annonçaient un événement extraordinaire. C’était, en effet, au cours de mademoiselle Hersberg qu’ils se rendaient. Elle apparaissait à l’amphithéâtre de chimie pour la première fois depuis la rentrée des écoles, et les journaux avaient informé leurs lecteurs qu’elle y ferait publiquement la démonstration de sa récente découverte, celle qui avait, au cours des dernières vacances, révolutionné la chimie : la mise en liberté d’un élément nouveau, le thermium.

L’amphithéâtre de chimie s’ouvrait sur la seconde cour de l’Hôtel des Sciences. C’était le plus vaste. Il pouvait contenir jusqu’à huit cents élèves. On dit qu’il fut plein ce jour-là : en tout cas, il n’était pas sept heures et demie que les arrivants devaient chercher leur place avec peine dans les gradins supérieurs. Sur la table d’expérience, des braises rougeoyaient dans des four-