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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/211

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— Oh ! quelle bonne visite.

— Je viens voir, fit la jeune fille, si vous avez bien dormi.

— Mais oui, chère Altesse, j’étais fatiguée, j’avais un peu veillé…

— Vous étiez demeurée à lire les journaux ? dit Wanda.

— Je n’ai plus le temps de lire les journaux ; depuis quelques jours, en dehors de nos leçons, je suis une idée qui aboutira, je pense, à la solution définitive de la question du thermium.

— Ah ! dit l’archiduchesse.

— Oui, continua la chimiste — et tout son rêve intérieur transparaissait dans ses yeux de dormeuse éveillée ; — le roi, l’autre semaine, m’a montré mon devoir. Nous autres, nous mettons une sorte de fantaisie dans nos recherches. L’inconnu se laisse entrevoir au hasard d’une expérience, nous nous acharnons à le dévoiler, à le posséder, et quand, d’aventure, nous réussissons à le saisir, à le déterminer, la besogne semble finie, nous nous en désintéressons, nous cherchons autre chose. Cependant, le roi m’a dit une grande parole : « Vous avez produit un corps nouveau dont l’industrie, la médecine, des milliers d’êtres souffrants peuvent bénéficier ; c’est une paternité glorieuse mais pleine d’obligations. On attend de vous le thermium utilisable, vulgarisable, vous n’avez pas le droit de vous arrêter en chemin. » Le roi disait vrai. J’ai