Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/28

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II

Il n’était pas neuf heures. Clara Hersberg sortit de l’Hôtel des Sciences, rue aux Juifs, et longea la grille du Palais-Royal. C’était une nuit sans lune. Au-dessus de la jeune femme, des gargouilles fantastiques allongeaient leur col écailleux entre des contreforts noirs, et au-dessus encore s’élevait la futaie des clochetons, des pinacles, qui hérissaient le palais gothique sur ses quatre faces. Mais Clara n’était ni poète, ni rêveuse ; le charme de la ville archaïque ne l’arrachait pas à ses pensées exactes. Elle ne vit pas, en cette nuit d’octobre fraîche et mystérieuse, la cité de songe que composait ce palais aux broderies de pierre, aux lucarnes pareilles à de minuscules cathédrales, entouré d’une ronde d’églises édifiées du xiiie au xive siècle. C’étaient Saint-Gelburge aux trois