Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/339

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dédaigneusement, en refusant de régner à la mort de son père, et sans tapage il aurait fait don à son peuple de la jeune liberté, après avoir employé les fugitifs instants de son pouvoir éphémère à le doter du communisme, par le moyen violent d’une expropriation générale.

— Mais alors, demanda Clara que l’hypothèse d’un Wolfran libertaire avait hantée sans qu’elle pût radicalement l’admettre, mais alors, le livre du Servage ?

— Le Servage ? dit Wolfran en souriant, le jour où dans un geste un peu brutal et que j’ai regretté, parce qu’il a pu blesser votre cœur, je l’ai lacéré devant vous sans que vous murmuriez, chère mademoiselle Hersberg, je vous ai dit que j’avais le droit d’agir ainsi… C’était vrai. J’ai écrit ce livre à vingt ans…

Il s’arrêta une seconde et ajouta :

— Personne au monde ne le sait, que Bertie et vous.

L’extrême douceur de la fin d’un beau jour inondait le parc. L’odeur de baume et de résine prenait à cette heure une suavité ; les flèches obliques du soleil rosissaient les fûts de sapin. Cependant les quatre grands mélèzes donnaient à ce lieu une ombre prématurée et presque religieuse. On y était dans un pays étrange, plein de silence, loin des hommes. Clara ferma les yeux. Elle ne savait quel fluide descendait en elle, ni ce qui lui causait ce contentement.