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Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/341

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bonheur, bien que, l’instant d’avant, il eût fait de mon père le procès le plus cruel et le plus injuste.

Clara l’écoutait, haletante.

Il en arrivait maintenant au dénouement de l’équipée. La police l’avait dépisté. Des rapports avaient été adressés au vieux roi, et les violentes scènes, dont tous les courtisans de l’époque gardaient encore le terrible souvenir, n’avaient pas d’autre origine. Cependant, désespérément, il avait lutté, malgré le poids dont l’écrasait l’omnipotence royale. Et c’était de ses révoltes contre le pouvoir monarchique, de ses soubresauts de jeune libertaire prisonnier dans un palais, qu’était né le livre mystérieux.

— Ma vie, pourtant, devenait insupportable ; et, quand mon père parla de m’envoyer aux Indes anglaises, j’acceptai. C’était assez pour occuper mon esprit trop fougueux. Et ce fut là-bas que je rencontrai un prince plus jeune que moi, mais qui me remplit d’assez de confiance pour que je pusse lui dévoiler le trouble où se débattait alors mon esprit. Il y devait porter le remède. Je ne savais pas alors ce qu’est un roi. Il me l’apprit. J’aperçus vite quel appoint ce cerveau positif pouvait fournir au mien. J’avais vingt-quatre ans mais lui en avait cent, il en avait mille ; il était vieux comme la Sagesse. Il était la vérité ; moi, j’apportais la vie. Nous nous sommes associés. Je n’ai pas renoncé à mes rêves, mais lui en a