Page:Yver - Le Metier du roi.djvu/42

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elle-même se laissait bercer à ce grand rêve d’une révolution pacifique qui assurerait le bonheur à tous sans avoir versé une goutte de sang. Puis, l’esprit plein encore de sa leçon récente à l’amphi-théâtre, elle y revint, ramenée par Kosor.

— Vous ne savez pas, Ismaël, le roi, il était à mon cours, tout à l’heure ; il est venu incognito assister à ma démonstration de la genèse du thermium ; je ne le reconnaissais pas ; j’ai même, sans le savoir, échangé quelques mots avec notre grand monarque.

Elle riait, Kosor secoua la tête.

— Non, vous vous êtes trompée, il aurait eu trop peur. Vous savez bien que depuis le jour où il reçut, en plein faubourg, un fer à cheval au visage, il ne sort plus que précédé de ses licteurs et suivi de sa garde prétorienne, il ne circule plus qu’en carrosse blindé. Vous vous êtes trompée, Clara, c’était un autre, quelque beau garçon roux que vous aurez pris pour lui.

— Lui ou un autre, qu’importe ! dit Clara. Vous pensez bien que Sa Majesté ne m’a pas éblouie.

Alors, tous accablèrent le roi. Au faubourg, on ne le nommait plus que par le sobriquet de Paincher. Comment ! À une époque où, grâce au progrès, le blé vous arrivait de partout, d’Amérique, de France, d’Allemagne, à un prix si minime, voici que des lois de protection rétablissaient des tarifs de famine ! Il favorisait ainsi