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Page:Yver - Le Vote des femmes.djvu/23

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jolie. C’était sa manière de protester contre les modes nouvelles qu’elle trouvait inconvenantes. Il y avait une arrogance, une hostilité secrète, une virulence cachée, une méchanceté sourde dans ces manifestations, — l’esprit Suffragette, Armée du salut. Une année durant, je l’ai suppliée. Je n’ai jamais rien vu de plus inexorable, de plus sourd, de plus dur. Ce n’est pas qu’elle me marchandât les témoignages d’amour. En paroles, j’étais l’homme le plus adulé. Les mots ne lui coûtaient pas. Ni les baisers. Mais enfin, elle n’aurait pas ajouté un centimètre à ses talons.

» — Vous comprenez, me disait-elle, avec des vocatifs passionnés, ce n’est pas une raison si je vous aime follement pour renoncer à mes idées, à ma réaction contre l’esprit du Mal qui envahit la société.

» J’essayais de lui prouver que Île diable se moquait bien de la mode, qu’il s’était passablement arrangé des jupes longues en leur temps : que les chignons ne l’avaient jamais embarrassé, qu’Ève possédait une chevelure magnifique et qu’il n’y a pas de péché dans la poudre de riz, elle me répondait, opiniâtre :

» — S’il y avait seulement mille jeunes femmes comme moi à Paris, on reviendrait à des mœurs plus pures.