Page:Yver - Le Vote des femmes.djvu/29

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après la mode et les chiffons, je n’aurais pas eu cette faiblesse. Ma lettre tardive et hésitante d’adhésion au vœu de madame Legrand-Maillard en fait foi, qui a permis, l’an dernier, à celle qui défit elle-même en cour de Rome l’œuvre de ses mains, d’obtenir l’annulation par non-consentement en prouvant à quel point c’était contraint et forcé et non de mon propre gré que j’allais au mariage[1]. Mais Odile m’a trompé sur son caractère, sur sa docilité apparente, sur sa prétendue bonté, sur ce phénomène d’inhibition qui est le premier effet de l’amour chez les femmes et que la mienne n’a jamais révélé.

» — Aimez donc mon âme ! me disait-elle lorsque je lui reprochais ses allures.

Hubert sourit ; il ne put retenir un mot :

— Elles le disent toutes !

— Mais je ne demandais qu’à aimer son âme, mon vieux ; seulement, son âme était comme sa défroque, sans attrait, sans aimantation, sans douceur, sans éclat. Au bout d’un an, je la détestais, au point d’avoir trouvé un goût de dédommagement à l’explication que j’eus avec elle, sorte d’intervention chirurgicale où je dus l’opérer de son optimisme, de son contentement

  1. L’auteur n’est pas théologienne et ne pose pas comme absolument authentique ce motif d’invalidation.