Page:Yver - Les Cervelines.djvu/63

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mosphère coutumière. En passant aux abords des cuisines, il reconnut les graillons, les parfums graisseux d’eaux de vaisselle qu’il avait rencontrés dans tous les hôpitaux par lesquels il avait passé. Il franchit une voûte, passa dans un jardin frais où des corbeilles de jacinthes mauves et roses embaumaient au bord de la pelouse centrale. Il connaissait l’Hôtel-Dieu pour l’avoir fréquenté au début de ses études médicales ; allant à la salle 8, il prit l’escalier 5. Une blouse bleue d’infirmier descendait : il l’arrêta.

— Le docteur Tisserel ?

— Il passe la visite là-haut, à sa salle.

— Merci.

— Monsieur est docteur ?

— Oui.

Ces gens de maladie devinent toujours le médecin, ils le flairent, ils le voient, à quelque chose d’inappréciable et qu’on ne sait pas. Ils collaborent trop étroitement avec lui pour qu’il n’existe pas entre eux une sorte de cohésion psychologique.

— Montez, dit celui-ci en continuant sa route.

Dans un couloir, une religieuse blanche glissait en saluant. Elle portait dans un vase de verre un liquide équivoque, rosâtre, trouble ; Cécile pensa que cela venait d’une ponction, et qu’elle s’en allait à l’analyse. Le couloir était gris. À droite, des fenêtres donnaient sur le jardin ratissé des religieuses : À gauche, de grandes portes cintrées, peintes acajou, s’ouvraient sur des salles. Il arriva au chiffre 8 et ouvrit la porte d’une main légère et silencieuse.

C’était une des plus belles salles ; de hautes mu-