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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/161

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pierre froide et claire, s’adoucissaient divinement. J’avais seize ans quand vous avez surgi dans ma vie. Dieu sait si je pensais à flirter. Dès la première visite vous m’avez laissé un souvenir indéracinable. Quand on vous a vu, Philippe, une seule fois même, c’est ainsi. Vous êtes si audacieux ! Vous sentez l’espace, l’air des étoiles. Vous donnez un peu le vertige. On est attiré. Et moi, dites, quelle impression ai-je faite en vous ?

— Ah ! vous savez bien, Fanchette, vous savez bien ; et vous voyez qu’aujourd’hui encore, après dix-huit mois, je suis aussi bouleversé devant vous que le premier jour. Aussi ne fallait-il pas nous revoir, jamais, jamais.

— Mais pourquoi ? Qui nous empêche de nous aimer ? Moi, j’ai cru au bonheur longtemps. Vous m’aviez dit : « Vous êtes la seule. » Et puis vous avez disparu, tout d’un coup, sans explication. Je ne suis plus la seule, dites ?

Philippe eut un rire triste :

— Une autre que vous, Fanchette ? Vous croyez qu’une autre femme pourrait me charmer ? Non, vous entendez, jamais une autre. J’ai pris le grand deuil de tout amour,