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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/176

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potager, fourrageant la haie splendide des haricots à rames, lui arrachant une à une, à deux doigts, les cosses en forme de virgule où les grains blancs s’alignaient comme des perles dans un écrin vert.

Marthe dit, en retenant sa mauvaise humeur :

— Tiens, voici ces messieurs Alibert !

Et elle écarta son panier de vendangeuse pour aller les rejoindre. Elle fut surprise de la satisfaction, de la bonté même qu’exprimait leur physionomie. Ils la saluèrent et demandèrent s’ils pourraient avoir un entretien avec elle et sa mère. Alors les deux femmes, laissant là leur récolte, s’acheminèrent avec ces messieurs jusqu’à la maison. Et pendant ce temps ces messieurs scrutaient cette pauvre petite maison, si basse qu’elle n’était guère que quatre fenêtres aux volets verts, coiffées d’un toit de tuile à lucarnes. Ils la disséquaient, ils la démolissaient d’un coup d’œil. Deux coups de pioche là-dedans et tout était par terre. Crépie depuis dix ans, elle avait pris une couleur jaune, l’aspect doré de la pierre ; et entre les volets grimpaient des volubilis dont les calices violets et roses, enhardis par le temps sombre,