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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/193

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éprouvé le même sentiment. Il s’alliait alors en pensée aux Alibert qui défendaient la force d’expansion, la beauté de la vie matérielle, et il blâmait son père qui aurait dû envoyer Nathalie au diable. Et là, aujourd’hui, dans ce champ de blé, voilà qu’au lieu d’approuver Cécile qui parlait si raisonnablement, si pratiquement, si intelligemment, il s’irritait. Il se retourna vers Fanchette ;

— N’est-ce pas, Fanchette, vous, vous comprenez mon père qui ne veut pas édifier une fortune sur les ruines d’une maison qui est tout le bonheur de cette vieille Fidélité appelée Nathalie.

— Oh ! non, je ne le comprends pas du tout, répondit tranquillement la jeune fille.

Ces paroles furent un dard dans le cœur de Philippe. Il dévisagea douloureusement celle qui venait de le blesser. Le regard froid de Fanchette filtrait sous les cils blonds. Elle lui parut la fille d’une planète inconnue, et il désira son âme mystérieuse. Mais, après un éblouissement passager, il suivit l’autre passion qui le solidarisait avec son père, avec l’esprit des Martin d’Oyse, avec le sens de sa race.