Aller au contenu

Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les deux cousines se mirent à rire. Leur rire exaspéra Philippe. Il était le langage de l’autre race. À ce moment, Fanchette et lui se gonflaient chacun de l’orgueil de la sienne. C’était en vérité deux races puissantes et fécondes. On n’aurait pas su dire laquelle surpassait la race rivale, car si l’on aime mieux se sentir le plus subtil, rien ne prouve que subtilité soit supériorité. Philippe était le plus subtil, mais Fanchette avait la force qui ne se perd pas en raffinements, la force du grand-père Boniface. Et plus de jeunesse animait la race de Fanchette. Philippe la contemplait ardemment. Elle lui était effroyablement étrangère. Il comprit qu’il n’étreindrait jamais son âme ; que s’ils étaient un jour unis, ce serait sous l’illusion sensuelle, et il souhaita son appareil familier pour y sauter, pour s’élancer dans les espaces, pour se délivrer de Fanchette à jamais.

Il se remit en marche, seul d’abord, cheminant dans le blé. Les deux jeunes femmes le suivirent. On arrivait à la lisière d’un des immenses bois qui se déroulent sur le plateau jusqu’à Rodan. Personne maintenant ne soufflait mot. Philippe analysait en