Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/197

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rément : positive et calculatrice comme mes frères ?

— Parce que l’amour tel que je le veux, Fanchette, c’est la tempête qui roule deux êtres et les enlace si étroitement qu’ils n’ont plus qu’une âme. Si vous étiez ma femme et que je vous tienne dans mes bras, et que je connaisse le triomphe de vous sentir à moi, je ne serais qu’un malheureux, puisque l’essence de vous-même, la flamme de votre vie m’échapperait.

— Mon cœur est à vous, pourtant, dit gravement Fanchette.

— Pas tout entier. J’y trouverai toujours, pour venir me briser à leur porte, les jardins interdits.

Deux larmes coulèrent des yeux froids de Fanchette. Elle s’approcha, prit Philippe à l’épaule, posa son front sur cette épaule, murmura :

— Je vous aime si complètement, il me semble !

Mais lui, tout frémissant, l’écarta, et il lui dit d’un air sauvage :

— Tout nous sépare, ne nous y trompons pas. Je ne veux pas être dupe de l’amour. Je veux l’amour tout-puissant, pas