Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/313

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dans ses bras. Tous les parents raccompagnèrent. Les Alibert ne manquèrent pas de se joindre à eux. Ils goûtaient beaucoup ces manifestations, qui leur étaient fermées et mystérieuses, mais qu’ils suivaient avec respect et curiosité comme on visite des ruines vénérables dans un pays étranger. Tout ce monde pénétra dans la chambre de la tourelle, soigneusement époussetée et aérée pour la circonstance. Madame Martin d’Oyse déposa doucement le poupon à l’endroit même où s’était allongé le corps du grand roi de France. Trente-trois ans auparavant, la vieille Béchemel en avait fait autant pour Élie encore vagissant dans les dentelles de sa robe de baptême, et M. Xavier, en son temps, n’avait pas échappé au pieux usage. Sam et Freddy, les bras croisés, se tenaient comme à l’église. Le grand-papa Boniface parlant tout bas se faisait expliquer par la jeune bru l’histoire de cette chambre et du roi. Fanchette, sans rien dire, de ses yeux couleur d’océan, contemplait le lit et mesurait la puissance d’une cause purement idéale qui peut pendant tant de générations survivre et dicter sa loi. Dans l’observance de ce rite, elle était frappée par une sorte d’éternité,