Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/192

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naire, une bousculade on voulait la voir de tout près, si rose, si jolie, si tranquille dans son triomphe ! Elle ne pouvait avancer que pas à pas ; Fabrezan dut la précéder pour lui faire la voie libre. Elle arrivait à la porte, quand madame Marcadieu, qui s’était dissimulée dans l’auditoire se précipita pour l’embrasser. Puis, ce fut son père qui vint la féliciter, beaucoup plus ému qu’il ne le laissait paraître ; puis toutes ces dames du barreau.

L’ovation continuait autour d’Henriette : il lui fallut vingt-cinq minutes pour gagner le vestiaire et se dévêtir.

Quand elle se retrouva au bras de son mari, sur la place Dauphine devenue toute noire, elle s’appuya sur lui, très fort :

— Oh ! chéri ! que je suis fatiguée !

— C’est absurde de t’être mise dans un état pareil. Voilà trois jours que tu ne manges plus… et avant une telle séance !… Vas-tu enfin voir un médecin ?

Elle secoua la tête, et, riant glorieusement :

— Un médecin serait inutile, je connais mon mal ; cher André, il est aujourd’hui sans remède, mais dans huit mois d’ici je serai guérie

Il eut un brusque sursaut de joie :

— Henriette ! Henriette !… tu es enceinte !… Comment ! cela non plus, tu ne me l’avais pas dit !

Et elle s’expliqua :