Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/381

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terie ; mais elle avait en deux mots expliqué sa conduite : « Son mari ne l’aimait plus, jalousait ses succès, leur vie était un enfer… Elle suppliait ses parents de lui donner asile… » Et le président, sans répondre, accablé, s’était écroulé dans un fauteuil, ses deux belles mains longues cachant son visage. Jamais elle n’aurait pensé consterner à ce point ce pauvre père. Jamais, non plus, elle ne put faire comprendre à sa mère que c’était d’un mari parfaitement fidèle qu’elle s’était ainsi détachée.

— S’il n’aimait pas une autre femme, tu ne l’aurais pas quitté, répétait obstinément madame Marcadieu.

Vainement sa fille affirmait :

— Ah ! comme il eut mieux valu que ce fut cela !

On ne la croyait pas. Elle avait dû supporter blâme sur blâme. Le président, sa mère, jusqu’à madame Martinal ne cessaient de la chapitrer ; mais on l’exaspérait bien plus qu’on ne l’apaisait à lui dire :

— Puisqu’il ne t’a pas trompée !…

Ainsi elle devait lutter contre tous. Même en ce moment, elle sentait, chez Fabrezan, une désapprobation muette. Quand le valet de chambre eut allumé, on entendit un bruit sec ; c’était, entre les doigts de la jeune femme, le coupe-papier qui se brisait net.

— Écoutez, monsieur le bâtonnier, fit-elle bravement, je ne veux pas que vous méjugiez mal,