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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/410

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La date de leur mariage revenait en discussion. Mais Louise, par dignité, prétendait apporter au ménage sa quote-part de gain et s’obstinait à prolonger encore les fiançailles jusqu’au jour où elle aurait, elle aussi, décroché son petit succès. Les Vélines, Henriette surtout, l’hypnotisaient. Pour le moment, si d’aventure, en plaidant, elle levait, d’un geste joli et gracieux, la main gauche à la barre, on voyait au mince annulaire étinceler les feux d’un rubis et d’un diamant. C’était la bague au doigt que, soit fierté, soit modestie, elle ajournait le don de sa personne, auquel un appoint pécuniaire lui semblait indispensable. Or le coup de théâtre de la place Dauphine avait éclaté, qui la troublait singulièrement. Comment ! cet hymen d’avocats, idéal du sien, faisait si tôt banqueroute ! Elle s’agriffait à madame Martinal pour obtenir quelques détails. Et elle souriait en disant :

— Je vous assure. Servais et moi nous avons besoin de savoir…

Mais la secrétaire d’Henriette coupait court aux questions.

Au fond, la divulgation de ce drame conjugal dont tout le Palais s’entretenait, alors que le mari ne le connaissait pas encore, lui était trop pénible pour qu’elle y concourût par quelque indiscrétion. Elle aurait voulu étouffer tous les bavardages, ne pouvait croire d’ailleurs que cette brisure fut définitive. Elle n’épargnait point ses semonces à Henriette et ne cessait de la travailler