Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/112

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addition exorbitante, pas même distingué entre une mauvaise auberge et une maison convenable. Et c’étaient des porte-monnaie égarés, des chèques brûlés avec de vieilles lettres, un désintéressement de l’argent, lié au désintéressement des commodités qu’il procure. Si bien qu’elle, Jeanne, devait penser à tout, pourvoir à tout. Ce rôle ne lui convenait guère, car elle n’était pas beaucoup mieux douée que Nicolas sous le rapport du sens pratique. Seulement, pour l’homme qu’on aime, qu’est-ce qu’on n’entreprendrait pas ! N’était-ce pas à elle de supprimer de la vie du grand artiste toute cause de trouble, d’inquiétude ou d’ennui ? n’était-ce pas à elle de lui aplanir le chemin puisque, avec sa sensibilité sans mesure, Nicolas ne pouvait travailler que dans un calme parfait ? Maintenant, il allait falloir organiser leur maison. Ah ! ces soucis matériels, l’obligation de songer à tout depuis les meubles essentiels jusqu’à la dernière casserole !

Et en soupirant, elle ajoutait :

— Tu m’aideras, dis, Jenny ?

Resté seule avec Fontœuvre, Nicolas, lui, parlait de Jeanne, de ses perfections, de son dévouement.

— Depuis deux ans que je suis en adoration devant elle, disait-il, elle m’émerveille chaque jour davantage par la qualité de ses pensées, de son goût, de son cœur. Son âme a la même beauté que son visage. Elle a transformé la