Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/311

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ble. La souffrance de cette enfant impénétrable était plus cruelle qu’aucune autre. Et de quel droit l’avait-il torturée ainsi ? C’était pour reconquérir sa paix à lui, sa dignité à lui. Mais le Devoir inexorable n’avait-il pas commandé ? Mais Jeanne n’exigeait-elle pas qu’il immolât Marcelle ? Et toujours l’implacable loi s’écrivait devant lui : les fatales conséquences du péché doivent être subies.

Alors, dans les ténèbres il appelait à voix basse : « Marcelle ! Marcelle !… » Et il tendait les bras, s’imaginant qu’elle allait apparaître. À force de contention d’esprit, il finissait par la voir dans un éclair ; elle était en pleurs ; et, dans la seconde même, la vision s’évanouissait ; de sorte que sa désolation s’exaspérait encore. Il allait au vitrage. Sa pensée cheminait dans l’espace, vers le quai. Marcelle était là, tout près. S’il l’avait voulu, en cinq minutes il l’aurait rejointe. Mais non, il fallait que Marcelle souffrit comme lui.

Jeanne, à la nuit, vint le chercher et le trouva prostré à cette même place.

— Ce que je redoutais arrive, avoua-t-il, j’entends sa voix qui me crie de revenir !

Et comme Jeanne demeurait silencieuse, sans un mouvement :

— Tu ne me dis rien ? Défends-moi donc. Tu es dans la Paix, toi, tu te possèdes entièrement, tu es la Perfection, la Pureté ; tu as la force divine des âmes impeccables !