Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/368

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toi la maladie, mais l’accident. Oh ! Marcelle, j’imagine parfois ta tête chérie sous les roues d’une voiture ; ton corps, ta beauté, tout ce que j’aime, abominablement détruit. Je le redoute trop ce malheur m’arrivera.

Elle riait maintenant, s’amusait de ses puériles inquiétudes. Et lui, en l’embrassant une dernière fois, la suppliait d’être prudente, la mettait en garde contre un danger mystérieux dont il sentait venir l’approche.

Nicolas avait dû mentir pour cacher à Marcelle le travail auquel il se livrait tout le jour. Il lui avait dit que, désirant s’entretenir la main, il avait pris un modèle pour une étude, et que ce modèle assez couru, ne pouvant lui donner qu’un temps restreint, il était obligé de profiter du peu de jour accordé par la saison. Elle devait cependant apprendre la vérité d’une manière qu’il n’avait pas prévue.

Un soir, « les amis » prenaient le thé chez les Fontœuvre. Il y avait là, outre Addeghem et mademoiselle Angeloup, miss Spring et Blanche Arnaud, Nugues, puis Nelly Darche et Vaupalier, qu’on n’invitait plus désormais l’un sans l’autre. Le malheureux François assistait aussi à la joyeuse réunion, complètement rétabli aujourd’hui, mais gardant de son essai de suicide l’impossibilité de s’exprimer d’une façon intelligible. Le palais à demi détruit, il laissait, avec intention, les étrangers croire à son mutisme complet.