Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/120

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roman, mais il fut arrêté par une exclamation de Louise. On traversait alors une plaine de Champagne verte et unie, et dans un champ se dressaient de petites buttes surmontées de croix. C’étaient des tombes de soldats enterrés là, au lendemain de la bataille de la Marne. Ils étaient allongés dans ce beau terrain reconquis, vêtus de leur pantalon rouge et de leur tunique bleu foncé, inondée de sang. De quel coin de la France étaient-ils partis pour venir tomber ici, en pourchassant les envahisseurs ? Ils étaient tout jeunes sans doute. M. Henri et M. Robert avaient, eux aussi, passé par là. Ils auraient pu, eux aussi, être couchés aujourd’hui sous un de ces petits tertres. Et le cœur des jeunes filles se gonflait douloureusement. Un peu plus loin, sur une route, s’alignait, pareille à une caravane dans le désert, une file interminable de chariots bâchés, qui s’en allaient en cahotant sous leurs petites voûtes de toile verte, traînés par de puissants chevaux. C’étaient les convois de ravitaillement, en route pour le front. Les trois amis firent silence. On entrait de plus en plus dans le