Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/208

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Elle n’eut d’amitié, d’affection particulière pour personne. Elle ne flatta aucun maître, ne s’asservit ni à celui-ci, ni à celui-là. Elle aima une entité, qui était le régiment, et ne connut que lui seul.

À la caserne on la rencontrait partout, sauf à la cantine. Il ne lui plaisait pas de dormir là, en rond, sur une chaise, en attendant le rôti, comme un chien de civil. Elle préférait monter et descendre les vastes escaliers encombrés de mégots et de culots de pipe, flairer les rats sous les lits, dans les chambrées du troisième, ou bien se glisser dans la chambre de l’adjudant à l’heure où, après l’exercice, il rassemblait chez lui ses camarades.

— Sale petite bête, disait l’adjudant Matheau, en lui lançant au nez son bonnet de police, vas-tu nous fiche la paix ?

Cette gavroche de Nénette se cachait alors sous la table en clignant de son œil gauche si rieur : elle faisait mine de rechercher une puce et pensait :

— Patience : il me donnera du sucre tout à l’heure, l’adjupète.