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Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/22

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par plus d’un côté rappelle Roland le paladin, eut pour sa dame, la belle Mirabelle ; de sorte qu’on ne sait qu’admirer le plus, ou de sa valeur ou de sa délicatesse. La veille du jour où il devait partir pour la croisade, il resta du matin au soir assis par terre, sur la jonchée, à entendre sa belle chanter de tendres romances.

Voilà les choses que M. Henri doit entendre d’un air indifférent, tout en étalant sous les yeux d’une cliente qui ne se décide pas, les dernières nouveautés de la librairie. Cette cliente est une jolie femme, capricieuse d’apparence, qui pose au commis des questions saugrenues, telles que : « Dites-moi lequel est le plus amusant de ces trois romans », ou bien : « Pourquoi cet auteur ne met-il jamais que 270 pages à ses livres ? » Vous pensez bien que M. Henri, plutôt que de répondre à ces choses oiseuses, aimerait aller s’asseoir près de mademoiselle Louise pour écouter avec elle l’histoire de Mirabelle et de Mainfroy, qui le touche au cœur. Mais il n’a pas le droit de déserter ce domaine de la vente. Son devoir est médiocre, mais c’est son devoir. Pendant