Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/241

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camp. Une caisse à charbon sert de bureau. Quelques chaises dépaillées s’offrent au visiteur. Mais il y a aussi une délicieuse bergère Louis XV en soie rose, dont Nénette prend possession. Vous comprenez qu’après soixante heures de chemin de fer, et trente kilomètres d’étape, on a le droit de s’asseoir confortablement. Au surplus, elle se dit que dehors, un grand orage gronde. Le tonnerre ne cesse pas. Un fracas infernal règne. Les coups de la foudre partent de tous les points de l’horizon.

— Drôle de pays ! pense Nénette.

— L’ennemi ? dit le commandant qui vient d’accueillir chaleureusement les nouveaux venus, il est ici, là, partout alentour, à trois kilomètres d’ici. Nous le pressons pied à pied. Il recule. Nous ne lui laissons de repos ni jour ni nuit. Dix mètres par dix mètres, nous conquérons ce bois. Après ce sera la libre possession de la plaine et de la route de M… Là, plus d’embuscade possible, et nous lui ferons connaître la déroute. Jusque-là, ce ne sont pas des soldats qu’il nous faut, ce sont des Titans, car la bataille qui se livre ici depuis des mois