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Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/64

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vaux qu’ils éperonnent, se hâtent vers la grand’route. Une dizaine de servants restent avec deux sous-officiers et le commandant. Sur la route, les hommes de la 8e sont occupés à creuser à chaque tournant de petites tranchées, où l’on peut se dissimuler à genoux, grâce à des fascines, postes de veilleurs pour guetter l’arrivée des capotes réséda. La 4* escouade demeure la dernière, Georges Picot et Henri Lecointre, le doigt sur la gâchette de leur fusil, le pantalon rouge sur la glaise détrempée, sont en observation. Soudain ils sursautent. Un embrasement par coups successifs illumine la lumière même du jour. Et leurs paupières battent encore de l’éblouissement, que leur tympan se déchire au bruit le plus infernal que des oreilles humaines puissent percevoir. Cinquante canons éclatent à la fois, trois cents maisons s’écroulent en même temps, et les pommiers chargés de pommes sautent en l’air, et toute la Champagne tremble…

Robert Picot a jeté son fusil d’un geste de colère, il a pris sa tête entre ses mains, et se cache le visage dans les fascines.