Page:Yver - Mirabelle de Pampelune.djvu/89

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— Comme il doit faire beau rue du Cherche-Midi !

Les bois dont il s’agit, d’ailleurs, n’ont rien de touffu. On dirait plutôt, à cet endroit, un énorme chantier de démolitions où des madriers se dressent de place en place. Impossible de savoir, d’après ces poteaux brisés, si c’est l’époque du renouveau. Mais, chose inouïe, on entend en même temps le canon et les alouettes. Le petit oiseau gaulois ne s’effarouche pas pour si peu. Nous sommes ici en Lorraine, en pleine forêt de Parroy. Le bruit court vaguement d’une attaque à entreprendre dans deux ou trois jours, peut-être demain. Cela met de l’électricité dans l’air. Des chuchotements circulent dans les sapes. On est obligé de faire taire les bavards. Tout le monde est excité. Dans le réduit des sous-officiers, au moment de la soupe, on entend des rires qu’il faut étouffer en pensant aux Boches, distants à peine de cent mètres. Je ne nierai pas qu’il n’y ait un peu de nervosité dans cette gaîté. L’avenir est tout raccourci. On dirait qu’il s’arrête à demain. D’ici là il semble que tout