Page:Yver - Monsieur Dominique.djvu/124

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— Non… Il m’a fait l’effet d’un parfait original, voilà tout.

Pendant cette consultation, Madeleine, qui s’était discrètement éloignée, arrosait les fleurs du jardinet qui entourait la petite maison de briques. C’étaient d’étroites plates-bandes desséchées par le soleil et le vent aride, où poussaient de petites fleurs poussiéreuses et enfumées par le fréquent passage des trains. Mais peu importait à la paysanne ; elle les semait, les soignait, les aimait et les trouvait belles, comme M. Dominique admirait ses tulipes. Cresphonte, accoudé à la palissade qui séparait le jardin de la voie, la regardait faire complaisamment ; tout à coup il s’approcha avec l’air gauche et emprunté qu’il avait lorsque quelqu’un l’intimidait.

— Arrosoir trop lourd pour belle demoiselle, dit-il. Cresphonte fort, arrosera petit jardin.

Et il le lui prit doucement des mains pour accomplir la besogne à sa place.

Madeleine comprenait à peine le langage un peu fantaisiste du pauvre garçon ; mais elle saisit mieux son geste, et moitié par frayeur, moitié par surprise, le laissa faire.

Il s’en acquittait à merveille, habitué qu’il