Page:Yver - Princesses de Science.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
princesses de science

battue signalait l’arrêt d’un bateau-mouche au ponton, sous ses fenêtres. Le jeune médecin, distrait, n’entendait rien. Sa main qui soutenait le petit pain tremblait un peu. Bientôt il repoussa le plateau avec sa tasse à demi pleine, prit son chapeau et gagna la porte.

Avant de quitter sa chambre à coucher, il se retourna, embrassa des yeux le mobilier rudimentaire et pensa :

« Si elle veut bien, je chercherai tout de suite d’autres meubles. Avec des lits clos j’ai vu faire, en Bretagne, des armoires charmantes : j’en commanderai une à Quimper… elle y rangerait son linge avec plaisir… Une table à ouvrage… oui, mais sait-elle coudre ? »

Puis, ses yeux s’arrêtant au lit :

« Oh ! le lit, des plus simples, en cuivre. »

Et très vite :

« On draperait les fenêtres de mousseline blanche, comme chez mes parents. »

Il était grand et d’aspect froid ; sa tête, très forte et ronde, s’alourdissait d’une épaisse chevelure brune. Sous le lorgnon, ses yeux rêvaient. Il partit, gardant toujours en lui la vision nuageuse d’une chambre blanche, une chambre voilée de mousseline, meublée d’objets imprécis et où glissait, dans une pénombre de crépuscule, une femme mince au chignon noir…

Dehors, il suivit ce quai Bourbon, si étroit, si archaïque, avec son trottoir en terrasse, ses marches,