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princesses de science

— Oh ! je ne fais pas de consultation… un peu de clientèle dans le quartier…

Il avait rougi, à dire cette chose qu’il cachait. On le devina : il soignait les pauvres. Puis, voyant son secret surpris, il se hâta de prévenir toute louange :

— C’était son dernier désir… Elle m’a fait sentir là un devoir… D’ailleurs, le travail est bon ; la pauvre amie le savait bien.

Fernand regardait sa femme amoureusement ; Thérèse lui sourit : ils s’entendirent tous deux dans la belle réalité de leur amour vivant et joyeux. Eux aussi connaissaient une tendresse singulière et passionnée, et, devant cette admirable Thérèse, sa beauté, son intelligence dont la hauteur avait fléchi dans l’amour, le jeune mari sentit une fierté. Son roman aussi était précieux et rare ; lui aussi s’était uni à une femme d’exception. Mais Thérèse demeurait envieuse de la morte, de son pouvoir qui, après la mort, ne mourait pas. Avec sa subtilité d’homme en dehors de la vie, qui voit les êtres de recul, le veuf eut le sens de cette complicité des heureux amants, grisés de vivre, en face de ce règne des Ombres où lui se complaisait. Il s’efforça pour dire :

— Mais parlons de vous, mes enfants, votre bonheur m’est cher. Je vois votre pudeur charitable à me le taire : n’ayez pas peur, je ne crois pas être devenu méchant ; j’aime votre amour…

Fernand répliqua, tout palpitant :

— Oui, nous sommes heureux…