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princesses de science

Ils prirent trois chaises sous le portique isolé qui dresse au centre du jardin le triple feston de ses grands arceaux. Quelques vieux messieurs lisaient leur journal sur les bancs voisins. Parmi les troncs rugueux et puissants des hêtres, s’élevaient les fûts lisses et légers des blanches colonnes éparses. Une longue et mince vierge du xiiie siècle ressemblait à un étroit pilier, strié de plis.

— J’épouserai mademoiselle Skaroff, si elle y consent, dit Pautel, affectant plus d’assurance qu’il n’en possédait réellement. J’ai longuement observé cette jeune fille ; son caractère m’a séduit ; je crois que nous serons heureux ensemble : elle est douce et sérieuse. C’est la femme en qui on ne se lasse pas de trouver une amie.

— Dina ! mon cher, surenchérit Thérèse, vous en êtes fou, cela se devine sous votre calme ; mais, si vous la connaissiez comme je la connais, vous l’aimeriez dix fois plus encore.

Pautel fit tomber son lorgnon, qu’il essuya rêveusement ; ses yeux de myope, indécis, errèrent dans le vague ; puis il demanda :

— Puis-je vous prier d’être mon intermédiaire près d’elle, madame ?

Thérèse s’empressa :

— Mais très volontiers, Pautel, très volontiers ! Je la verrai demain, après la visite : voulez-vous déjeuner chez nous pour fêter le résultat ?

— Oh ! le résultat !… dit Pautel, sans joie.

— Voyons, vieux, ne te tourmente pas, reprit