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princesses de science

Et secouant les plis de sa robe amincie par l’usage, elle découvrit bravement ses bottines rapiécées :

— On n’exhibe pas ça, reprit-elle. À l’hôpital, j’ai ma blouse ; mais dans votre salon…

Thérèse, plus attendrie encore, l’embrassa en disant :

— Vous êtes charmante. Vous êtes la petite déesse Hygie, fille d’Asclêpios, notre dieu à tous. Vous ne tenez dans votre main ni la coupe ni le serpent, mais de belles connaissances qui feraient de vous une grande guérisseuse, si vous deviez continuer jusqu’au bout votre carrière… normalement… Croyez-vous donc que je ne serai pas honorée de recevoir chez moi un confrère de votre valeur ? Il faudrait en France beaucoup de travailleuses comme vous, Dina, pour imposer enfin la femme-médecin.

Toutes deux poursuivaient leur pensée chère. La Russe dit gravement :

— Le jour où je pourrai gagner ma vie…, l’élégance, je m’en ficherai ! mais j’aurai des robes confortables.

Elles prolongèrent toutes deux leur rêve, quelques secondes ; Thérèse souhaitait l’émancipation glorieuse de l’« intellectuelle » ; Dina, des visites à deux roubles pour s’acheter un manteau de drap comme madame Lancelevée.

— Au lit 7, il y a une entrante pour vous, Dina, dit enfin la jeune femme ; écoutez donc son