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princesses de science

— Une femme-médecin n’a pas quatre enfants, aussi ! s’écria Thérèse, que ce tour de la conversation irritait sourdement.

Une crispation passa sur le visage de Guéméné, qui tordit silencieusement sa moustache. Il avait pâli. L’éventualité d’une maternité pour Thérèse — souhaitée par le mari, redoutée par la femme — était une question épineuse dans le jeune ménage. D’un commun accord ils évitaient d’en parler, et les circonstances faisaient jusqu’ici que l’enfant, cette cause latente de désaccord, demeurait pour la jeune femme un péril menaçant mais lointain ; elle s’habituait à le moins craindre à mesure que le temps s’écoulait sans lui donner ce qu’on nomme « des espérances ».

— Moi, déclara Dina, j’adore les enfants.

— Nous sommes des êtres de famille, dit Guéméné rêveusement. C’est un instinct puissant que notre désir d’une descendance. On veut se continuer dans la vie, malgré la mort, créer des sujets d’affections nouvelles. Le cœur a, comme la chair, ses besoins inéluctables.

— Avec quatre diables comme ceux des Adeline, fit en riant la jeune Russe, une femme doit avoir ses désirs de tendresse largement comblés, et cette bonne doctoresse, j’en suis sûre, se passerait volontiers d’exercer la médecine.

— C’est extraordinaire, Dina, comme vous en parlez légèrement de cette médecine pour laquelle je vous croyais tant de ferveur ! dit Thérèse. Je