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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/181

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princesses de science

— Quel âge peut-elle avoir ?

On passait le poisson, quand le rire de Jeanne Adeline éclata derrière la portière. Elle entra en ôtant ses gants, grasse, blonde et frisée, se moquant de toute cérémonie ; et, comme les hommes se levaient, elle agita ses mains potelées qui sentaient encore le savon antiseptique :

— Non ! non ! tout le monde assis ou je m’en vais !

Elle prit la place que lui avait ménagée à côté d’Artout madame Herlinge, qui ne redoutait point, pour l’aimable bonhomme, les gauloiseries de la dame. Le valet de chambre lui apporta son potage. Elle conta ses douze visites de l’après-midi, sa course rue de Buci, chez elle, pour « se nettoyer ».

— Et me voilà ! finit-elle. Encore ai-je pris un sapin pour être moins en retard.

Et tout le monde eut la même idée : celle des trente-cinq sous de son fiacre annulant une visite parmi les douze de l’après-midi.

Alors la conversation, devenant générale, tomba sur les femmes-médecins. Certes le métier dépassait presque les forces d’une femme ; ces guérisseuses nouvelles faisaient preuve d’une énergie, d’une volonté totalement inconnues des générations précédentes. Le bout de la table, où cinq hommes se trouvaient côte à côte, fit grand tapage. Gilbertus, galant, déclarait que nulle autre mission ne convenait mieux à la femme ; la doctoresse était pour lui l’incarnation moderne de la sœur de cha-