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princesses de science

leuse et vaillante, qui touchait à l’internat, une étrangère, si je m’en souviens… On me l’avait signalée. Elle n’est plus étudiante. Elle a épousé l’un des nôtres et lui a donné cette marque d’amour de renoncer à toute ambition, à toute vanité. Cette jeune femme a été très grande ; ce qu’elle a fait devait être très difficile.

Madame Herlinge, se penchant vers Boussard, lui désigna là-bas, entre Bernard de Bunod et l’oncle Guéméné, Dina qui souriait, rouge de plaisir. Ses yeux tendres d’antilope se fixèrent sur Pautel, et elle répétait comme le premier jour :

— Eh ! c’était bien le moins ; oui, c’était bien le moins…

Alors chacun renchérit sur Boussard, et toute l’attention se porta sur Pautel qui eut véritablement là une minute de triomphe. Énigmatique, avec son regard de myope sous le chatoiement du lorgnon, il était celui à qui tout un glorieux avenir de femme avait été sacrifié. Sa clinique de la rue Saint-Séverin, où il soignait les cardiaques, avait déjà fait quelque peu parler de lui ; mais combien plus cette amoureuse histoire, cette poétique et sensationnelle conquête de la femme savante redescendue pour lui des sommets de la science dans la vie obscure des bonnes épouses ! Il avait comme hérité toute sa gloire. En s’éteignant, la petite étoile qui se levait dans ce monde de science avait laissé à l’astre ami une splendeur.