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princesses de science

— Le soleil ne vous gêne pas ? demanda-t-elle, je puis baisser les stores.

— Non, non, la lumière, c’est la santé. Et puis je me sens content, j’ai besoin de gaieté… et sacrebleu ! je ne sais comment vous faites, mais c’est gai dans cette grande pièce à maladies.

Le cabinet de consultation de madame Lancelevée dominait par trois fenêtres le boulevard de Montmorency. La table de gynécologie s’étendait au milieu. Une toile cirée peinte en clair, qu’un coup d’éponge rafraîchissait quotidiennement, tendait les murailles. Des fauteuils cannés meublaient les angles. Une bibliothèque occupait le fond. Le bureau, avec le téléphone, se dressait entre deux portes, l’une ouvrant sur l’escalier, l’autre donnant accès au salon d’attente. Une simple mousseline voilait les fenêtres. La lumière entrant à profusion éclairait ce cabinet à la manière d’une clinique antiseptique et confortable. Il n’était guère qu’une heure et demie ; la consultation ne commençait qu’à deux heures : ce délai avait tenté le bonhomme pressé de venir, après un déjeuner hâtif, lancer à la doctoresse, comme un défi, l’annonce de cette heureuse naissance.

— Vous souvenez-vous, ma chère, de m’avoir, dès le premier soir, si bien prédit leur divorce ? En attendant, voici toujours un enfant de fait… et rond, dodu, bien membré, je vous prie de le croire ! La petite Guéméné avait des yeux grands comme cela pour le regarder. On le lui a mis, tout nu, près