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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/243

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princesses de science

de tout abandonner ; elle l’avait supplié de lutter encore, de chercher toujours.

— Tu l’avais donc mise au courant de tes travaux ? demanda Thérèse.

Il le fallait bien. Détestant le charlatanisme, il n’avait pas cru devoir cacher ses tâtonnements. Et quand il avait vu madame Jourdeaux se cloîtrer définitivement pour ne plus quitter le pauvre malade, renoncer à tout plaisir, à toute distraction, à toute sortie, cette immolation d’épouse, cette lutte suprême contre la mort l’avaient stimulé comme ne l’eussent fait aucun désir de gloire, aucun intérêt scientifique. Véritablement, c’était pour le cas personnel de Jourdeaux qu’il avait accompli jusqu’au bout son laborieux effort.

En janvier, l’enfant tomba malade. La nourrice déclara :

— Ce sont les dents.

Il ne cessait de crier faiblement, sur un ton angoissant, pénétrant et si plaintif qu’on avait envie de s’enfuir à l’entendre. Et le père et la mère passèrent la soirée, la nuit jusqu’à l’aube, penchés sur lui, blêmes, crispés, échangeant d’une voix sourde des mots techniques, nommant l’une après l’autre les affections infantiles. Les domestiques coururent chez le pharmacien. On fit vomir l’enfant, on le baigna. La nourrice dit :