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princesses de science

Mais la doctoresse sortit avec la nourrice, qu’elle alla interroger dans la chambre voisine. Guéméné, après quelques minutes, les rejoignit ; quand il entra, la nourrice, en corset, se tenait debout près de madame Lancelevée qui l’auscultait.

— Que trouvez-vous ? interrogea-t-il.

— Rien, dit impérieusement la doctoresse.

Elle revint près de l’enfant. Alors Guéméné et Thérèse essayèrent de discuter scientifiquement avec elle. Mais elle coupa court à ces propos, comme une femme qui ne veut point parler. Puis elle décida qu’il fallait demander Boussard au téléphone. Tout à coup un sanglot affreux ébranla Thérèse : sans retenue, sans décence, elle s’abandonnait à son désespoir, couvrait son fils de baisers, pleurant, criant qu’on devait l’empêcher de mourir, et elle l’appelait d’une façon si déchirante : « Mon Nono ! mon Nono !… » que des larmes vinrent aux yeux de la doctoresse.

— C’est la nourrice qui l’a tué : elle l’a empoisonné, n’est-ce pas, elle l’a empoisonné ?

— Non, déclara fermement madame Lancelevée, ne dites pas cela, madame.

À sept heures, la porte s’ouvrit. Boussard apparut : il était accouru dans le minimum de temps nécessaire. Avec cette allure nonchalante, presque ondulante, que lui donnait sa haute taille, il traversa la chambre, voyant à peine madame Lancelevée, et vint à Thérèse. Il s’agenouilla, examina l’enfant, et il penchait sur lui ses tempes aux mé-