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princesses de science

souvent à sa clinique de la rue Saint-Séverin. Oh ! certes, elle n’y jouait pas un bien grand rôle, mais enfin Pautel pouvait utiliser ses connaissances ; elle y faisait un peu de pharmacie, des massages, des frictions ; elle se retrempait dans l’atmosphère d’autrefois, c’était pour elle un vrai plaisir. Enfin, il fallait s’astreindre aux visites que le docteur jugeait utiles, celles aux femmes des grands confrères, celles aux gens du monde. Pour tout cela, son mari désirait qu’elle fût bien habillée, et, comme on était économe, elle marchandait ses chapeaux de-ci, de-là, souvent chez quatre ou cinq modistes, avant de déterminer son choix. Malgré tout, à six heures, chaque soir, elle rentrait à la maison. Pautel le voulait ainsi, tenant à la joie d’apercevoir son sourire dès qu’il ouvrait la porte. Alors elle ne s’appartenait plus ; on riait un peu ensemble, on causait ; puis, c’était le repas, la vérification des comptes. Parfois le pauvre ami se trouvait si fatigué qu’il restait là, sur son fauteuil, béat, somnolent, et elle lisait à haute voix les journaux de médecine : il fallait bien qu’il fût au courant…

Et la tendre femme, qui croyait ainsi conter son histoire, ne disait pas autre chose que l’existence de celui auquel éperdument elle s’était vouée. Elle s’épanouissait à son ombre, s’y développait, y trouvait le bien-être, pareille à ces plantes fragiles qui ne peuvent prospérer qu’à l’abri d’un arbre vigoureux.