premiers étaient les sujets de l’expérience la plus ancienne et sur laquelle posaient toutes les espérances. Madame Jourdeaux s’attendrissait à leur souvenir, les caressait en pensée de ses beaux doigts fuselés de brodeuse, parlait d’eux longuement avec Guéméné.
Il lui dit un jour :
— Ah ! comme vous savez donner du bonheur, vous !
— Du bonheur ! répéta-t-elle machinalement dans son trouble, du bonheur !
— Sans votre amitié, reprit-il que serais-je devenu !
La pureté de ce mot d’« amitié », qui légitimait leur intimité, donna des hardiesses à la jeune femme.
— Vous êtes triste, dit-elle, et je vous offre ma sympathie en reconnaissance de tout ce que vous avez fait pour mon pauvre mari. Je ne sais pas quelle est votre douleur ; je la respecte, je la devine un peu…
Il se prit la tête dans les mains et se tut.
Elle continua très bas :
— C’est madame Guéméné qui vous fait mal.
De ce jour, ils parlèrent plus librement de cette absente à laquelle ils ne cessaient l’un et l’autre de penser. Guéméné disait à madame Jourdeaux les vertus qu’il aurait aimées en sa compagne, et qui étaient précisément toutes celles de la douce femme. Elle défendait Thérèse, l’excusait. Il n’en était que plus à l’aise pour se plaindre :