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princesses de science

le couvercle de la lessiveuse pour voir comment fait l’eau qui sort en bouillonnant par les petits trous de la pompe. La vapeur l’échaude, il bondit en arrière, s’accroche à la lessiveuse qui bascule et lui déverse un grand jet d’eau chaude sur tout le corps… Quand la bonne lui a ôté ses habits, elle dit que la peau est venue avec !… Dieu merci, maman est rentrée à quatre heures. Monsieur Artout l’avait retenue à déjeuner chez lui ; elle n’avait pas osé refuser, crainte de le contrarier, car, comme dit papa, monsieur Artout c’est la « vache à lait » de maman, et elle le ménage comme le bon Dieu… Moi, je l’aime bien aussi monsieur Artout ; je lui ai dit, un jour, que je voulais faire ma médecine. Il s’est écrié : « Pourquoi pas ? »

— Mais, reprit Thérèse, qui déjà ne pensait plus à sa dignité froissée, à quelle partie du corps votre petit frère a-t-il été le plus atteint ? Que lui a-t-on fait ? L’a-t-on baigné ?

— Ah ! non, pour sûr ! Maman a, je crois bien, perdu la tête, et le pauvre gosse crie tant dès qu’on le touche !

— Quel âge a-t-il donc, le pauvre enfant ?

— Neuf ans, madame, et on lui en donnerait plutôt dix, tant il est grand !

Le fiacre, qui avait suivi les quais, s’engageait dans l’étroite rue Dauphine, où un embarras de voitures le retint quelques minutes. Thérèse revivait les heures où elle avait attendu la mort de son enfant ; il lui semblait éprouver ce qu’endurait la mal-